Les vestiges du Prieuré clunisien de Saint-André -de-Rosans font partie des trésors du patrimoine du Sisteron Buëch. Situé au sud-ouest des Hautes-Alpes, aux confins de la Drôme voisine, le monastère classé Monument Historique, avec ses magnifiques mosaïques, témoigne aujourd’hui encore de l’histoire tumultueuse du territoire. C’est un véritable joyau de l’art roman provençal caché dans un écrin de verdure !


Une visite guidée à ne pas manquer
Réservez votre visite guidée avec Anne !
Autant le dire tout de suite, la visite guidée est d’un grand intérêt. Pourquoi nous vous la recommandons ? D’abord parce que c’est la seule façon d’accéder dans l’enceinte du monument et d’admirer les mosaïques qui sont conservées en intérieur. Ensuite parce que la guide, Anne, est passionnante ! Elle vous montrera tous les détails architecturaux de cet ancien monastère et ses explications claires et précises vous permettront de mieux comprendre les différentes constructions, et l’histoire de ce Monument Historique qui n’a sans doute pas fini de nous surprendre… tant de choses restent à explorer ! N’hésitez pas à réserver votre visite, choisissez votre créneau et comptez une « bonne » heure de découverte, tout dépend si vous êtes curieux ou pas ! Rendez-vous depuis la place du village, devant la mairie.
Une pause hors du temps
Flânez à Saint-André et admirez le prieuré

Bien sûr, si vous avez la chance de passer par là à vélo, à cheval ou sur la route des vacances, arrêtez-vous ! Ne serait-ce que pour faire le tour de ce joli village, qui semble hors du temps, et des imposants vestiges du prieuré, que vous verrez de l’extérieur. Cela vous donnera sans doute envie d’y revenir ! Le paysage est magnifique, apaisant ; le site, en pleine nature, se trouve dans une plaine agricole entre le Risou et l’Aigues, à la croisée de plusieurs routes, vers Rosans, vers Gap par le col de la Beaume, vers Laragne ou vers la Drôme.
Prenez le pique-nique et arrêtez-vous d’abord sur les hauteurs pour profiter de la vue dominante. D’en haut et avec un peu de recul, on distingue bien la structure médiévale du village, ses maisons aux tuiles provençales regroupées dans l’ancienne enceinte du village, et au nord les vestiges du prieuré qui s’y est accolé. Cette vue d’ensemble des grandes arches et des bâtiments qui constituaient le monastère donne une idée de sa splendeur passée.
Il faut savoir que ce monument a subi les affres des luttes de territoire, des guerres de religion, de la Révolution… Il a longtemps été oublié, enfoui. Et puis, le classement aux Monuments Historiques et les fouilles ont permis de le retrouver, de découvrir des trésors, il est étudié, dessiné. Mais le temps continue son œuvre… Combien d’années encore aurons-nous la chance d’admirer la délicatesse de ses décorations… ?
Roman mais pas romain…
Le saviez-vous ?
Janson Desfontaines, ingénieur des ponts et chaussés, fut mandaté par le préfet Ladoucette en 1825 pour étudier les Antiquités des Hautes-Alpes. Il pensait que le monument était un temple romain en l’honneur de Bacchus, et en releva les dessins et cotations ainsi que d’autres éléments de décors aperçus dans le village ! On lui doit un état très précis du prieuré à cette date, que vous pouvez consulter dans l’étude comparée d’Arlette Playoust publiée en 2022. Très intéressante, elle souligne bien les époques de construction, les évolutions au fil du temps et des connaissances.
Le prieuré ne s’est pas fait en un jour ! (ou « quelques dates » à ouvrir si on veut)
- 19 avril 988 : le clerc Richaud lègue à l’Abbaye de Cluny, l’église et les terres qu’il possède ici pour y fonder un prieuré.
- 996 : quelques moines y vivaient déjà
- 1029 : Pons, premier prieur
- 11e siècle : construction de la nef et du chœur, chapiteaux à feuilles d’acanthe, animaux
- 12e siècle : nef prolongée, voûte à la place de la charpente, pavement en mosaïque
- 13e siècle : réfectoire
- 14e siècle : lutte entre provençaux et dauphinois
- 1574 : les troupes protestantes de Montbrun incendient l’église, la voûte s’effondre
- 1632 : l’église paroissiale est transférée dans le réfectoire, est agrandie d’une abside
- 1789 : bâtiments vendus à la mairie, aux villageois ; cave, cellier et cuisine deviennent mairie et école
- 1825 : Janson Desfontaines étudie le prieuré, relève les côtes et le dessine
- 1925 : les vestiges de l’église du prieuré sont classés aux Monuments Historiques
- 1983-1987 : 5 campagnes de fouilles
- 1987 : église paroissiale, aile de l’ancien prieuré classée Monument Historique
- 1988 : découverte du pavement de mosaïques et classement
- 2007 : opération de sauvetage mur nord et aile du prieuré, retour des mosaïques rénovées
Pour mieux comprendre
Remontez un peu l’histoire
Le site que vous avez sous les yeux est sans doute habité depuis longtemps, bien avant la naissance du prieuré, on y a d’ailleurs trouvé des traces d’habitat préhistorique. La terre est fertile, et un domaine rural, y était établi, autour d’une église Saint-André, mentionnée dans l’acte de fondation du prieuré en 988.
On peut déjà faire le rapprochement avec Ganagobie, dont le monastère fut fondé quelques années plus tôt, plus au sud, dans des circonstances similaires : Jean de Sisteron céda ses biens à l’abbaye de Cluny, qui en fit un monastère. Nous verrons que les similitudes ne s’arrêtent pas là, entre ces deux prieurés, construits selon le plan des monastères bénédictins. Les bâtiments du prieuré de Saint-André de Rosans s’articulaient autour d’un cloître carré, avec un puits, la grande église se trouvait au nord-est et un réfectoire au sud-ouest, reliés ensemble par les autres parties communes utilisées par les moines : la cuisine, le cellier, le dortoir et la salle capitulaire.
Réserver une visite guidée, c'est non seulement l'assurance de passer un bon moment de culture et de partage, dans un site absolument magnifique, mais c'est aussi participer à la sauvegarde de ce prieuré unique en son genre !
Le prieuré a prospéré pendant tout le Moyen Âge, 6 moines y vivaient, avec un prieur, et il bénéficiait d’un rayonnement important en Provence. On imagine que sa construction, entre la fin des X et XII siècles, a demandé une activité intense, avec les nombreux corps de métiers qui ont participé aux différents chantiers. Construction de la nef, avec l’abside semi-circulaire et ses deux absidioles, élévation de la voûte. Les sculptures des piliers, chapiteaux, archivoltes et corniches sont ornés de décorations d’inspiration antique typiques de l’art roman provençal (têtes de monstres, animaux, feuilles de vignes). Le magnifique pavement de mosaïques a sans doute été réalisé par le même atelier que les fameuses mosaïques de Ganagobie, au cours du 12e siècle. Environ 50m2 de mosaïques devaient recouvrir le chevet de l’église, ce qui en fait le pavement le plus étendu de France après Ganagobie, dans un style très semblable par ses motifs : animaux fantastiques, frises, médaillons, éléments végétaux, ses matériaux et ses couleurs contrastées (calcaire beige, schiste noir, brique rouge).

Témoignages du passé
Ce qu’il reste du prieuré aujourd’hui
Beaucoup de choses ont disparu, ou sont peut-être encore enfouies, mais vous pourrez voir…
- environ 30 m² de mosaïques, rénovées, sont exposées en intérieur dans l’ancienne aile des communs du prieuré. Vous pourrez les admirer, lors de votre visite, de même que de nombreuses pièces sculptées, mises en sécurité, en cette immense salle couverte d’une voûte en berceau semi-brisée. Cette salle aujourd’hui ouverte à la visite abritait la cuisine, le cellier et la cave du prieuré.
- l’ancien réfectoire du prieuré du 13e siècle, transformé après 1574 en église, suite à l’incendie de l’église du prieuré, elle est agrandie d’une abside en 1632, on lui a ajouté un clocher et c’est toujours aujourd’hui l’église paroissiale.les vestiges de l’église romane, et en étant très attentifs, les bases de l’église pré-romane, la nef reconstruite et agrandie au 11e siècle, le chœur avec l’abside semi-circulaire et ses deux absidioles, qui étaient ensevelis sous des m3 de pierres, de terre, de remblais jusqu’en 1983.
- les vestiges de l’église romane, et en étant très attentifs, les bases de l’église pré-romane, la nef reconstruite et agrandie au 11e siècle, le chœur avec l’abside semi-circulaire et ses deux absidioles, qui étaient ensevelis sous des m3 de pierres, de terre, de remblais jusqu’en 1983.
- les grandes arcades et leurs contreforts en grès local, qui supportaient la voûte de la troisième église, les superbes détails sculptés sur les pilastres, chapiteaux, corniches…